Les enthousiasmes musicaux enfantins sont souvent déroutants et on ne compte plus au fil des générations les princesses criardes et les animaux bariolés dont la popularité a rendu perplexes la plupart des adultes.
À l’opposé de ces engouements passagers, depuis plus d’un demi-siècle, Le Livre de la Jungle avec ses graphismes soignés et sa musique impeccable est devenu un classique capable de réunir dans un même enthousiasme trois générations de spectateurs et spectatrices. C’est ce classique de Disney qui a inspiré le très énergique trio Journal Intime, déjà connu pour ses reprises de Jimmy Hendrix (« Lips on Fire ») ou ses collaborations avec Jacques Higelin. Frédéric Gastard, (saxophone basse), Sylvain Bardiaux (trompette), Matthias Mahler (trombone) accompagnés pour ce spectacle du comédien et danseur Florent Hamon et du comédien-percussionniste Nicolas Gastard donnent ici un nouveau spectacle plus familial que strictement enfantin tant il est capable de fédérer tous les publics.
Dans la salle Paul Fort ce lundi 25 mars, ce sont près de 300 enfants et leurs accompagnateurs issus de différentes écoles du département qu’il faut installer à chaque représentation. C’est un exercice difficile, car l’impatience des premières arrivées se manifeste rapidement. Les lumières baissent, le spectacle commence enfin. Un chef d’orchestre moitié clown, moitié acrobate essaye de maîtriser trois cuivres, rapidement la situation dégénère et la jungle apparaît…
Comment décrire un spectacle si riche qu’il n’est pas racontable ? À l’image de la magnifique affiche illustrée par Blutch détournant les codes graphiques du film, ce spectacle n’est pas une comédie musicale, mais une réinterprétation très libre de l’univers du film. C’est un spectacle total sans pause ni temps mort, une grande vague d’énergie qui emporte tout sur son passage et déferle sur les spectateurs interloqués qui passent de la surprise à l’enthousiasme. Les musiciens n’hésitent pas à jouer au milieu de la foule debout sur les fauteuils, on retrouve l’énergie des concerts de rock comme distillé pour n’en garder que la composante festive et fédératrice.
Le dernier morceau sonne comme un adieu. La jungle s’éloigne, le calme revient. Les jeunes spectateurs ont été impressionnés, les artistes sont assaillis de questions. Les acrobaties du danseur ont beaucoup impressionné: on s’inquiète de sa santé. Puis il faut se remettre en rang, écouter les consignes et retourner vers les cars. Bien cachée tout en haut des cintres, couchée sur sa branche, Bagheera la panthère noire regarde les petits d’homme retourner vers l’école. Malgré ses presque 60 ans elle n’a pas un seul poil blanc.
• Nicolas le Grizzly de la jungle