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L’année dernière nous les avions entendus explorer l’acoustique étrange des salles du musée d’art et apprivoiser les sons de la ville au cours des déambulations de La Démesure du Pas. Cette fois (samedi 2 novembre), c’est  avec Ici que les quatre explorateurs de sons du groupe No Tongues ont fait escale sur la scène du Pannonica, qu’ils fréquentent régulièrement depuis une dizaine d’années.

Porté par la compagnie Les Mouflons, No Tongues mêle le travail des quatre musiciens à des atmosphères sonores collectées au cours de leurs voyages. Si les principes de création de la compagnie restent inchangés, en revanche, chaque projet apporte une nouvelle approche : tantôt écrite, tantôt improvisée, mais toujours surprenante.

Après deux spectacles basés sur les voix du monde et les dialectes guyanais, ils sont retournés vers leurs racines et nous parlent désormais de leur Ici, au travers des sons qui peuplent leur vie.

Les enfants et les amis des musiciens présents dans la salle donnent à la soirée une ambiance festive et détendue : on est à la maison. Le groupe monte sur scène dans une ambiance recueillie, les craquements des deux contrebasses de Ronan Prual et Ronan Courty, se mêlent à des bruits de quotidiens filtrés et retravaillés. L’effet est hypnotique : sommes-nous en train de somnoler dans un train? Au bord d’un fleuve ? Dans la cale d’un voilier ? Il faut accepter l’incertitude du voyage et se laisser porter. Le bruit des clefs de la clarinette de Matthieu Prual rejoignent le tableau, puis, en compagnie de la trompette d’Alan Regardin, les vents entrent dans le paysage sonore.

Au fil du concert, des mélodies et des rythmiques s’infiltrent dans les compositions. Ici devient plus tangible avec la présence de Linda Glah et Elisa Corre et de la fille de l’un des musiciens, qui incarnent sur scène leur voix habituellement enregistrée. Ici c’est les voix du quotidien, un poème lu par une voix enfantine ou une Gwerz quasi surnaturelle qui se superposent au mashup de sons et de cultures que cultive le groupe. Les morceaux défilent comme les pensées floues d’un voyageur hypnotisé par le paysage transfiguré par la vitesse du TGV.

D’ici ou d’ailleurs Les Mouflons continuent de nous surprendre, et nous espérons bien les revoir pour un prochain vol…

• Nicolas Le Grizzly