Skip to main content

Le quartet Colunia avait déjà la particularité d’intégrer à son jazz une harpe chromatique, un instrument récent qui permet une adaptation rapide à n’importe quel contexte harmonique. Mais c’est ici la rencontre avec deux musiciens du Sud de l’Inde qui, encore une fois, ouvre une musique énergique, inventive et vivante.  

Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Florian Chaigne : Tout commence en 2011 lors d’un voyage en Inde du Sud. Emilie et moi-même rencontrons Giridhar à Bengalore.
Giridhar Udupa : Ils voulaient apprendre le langage rythmique vocal du sud de l’Inde que l’on appelle Konnakol. Ça a été le début d’une amitié de quinze ans et de nombreux workshops à chacune de mes visites en France.
FC : L’idée de collaborer sur scène est venue naturellement et il nous a semblé évident d’écrire un nouveau répertoire permettant cette rencontre. Ça a été le sujet de mes préoccupations au printemps dernier, pour finalement donner naissance à cinq compositions originales et à l’arrangement d’un traditionnel carnatique. J’ai envoyé en amont les morceaux à Giridhar et Subhalakshmi [Akkarai, voix et violon], puis nous avons travaillé dessus lors d’une résidence à la Libre Usine, à  Nantes, en juillet dernier. Giridhar a amené beaucoup d’idées pour transcender les compositions.

Pouvez-vous expliquer ce qu’est la musique carnatique et parler de votre pratique instrumentale ?
FC : La musique carnatique est une musique savante d’Inde du Sud de tradition orale. Je laisse le soin à Giridhar de rentrer plus dans le détail ! Avec nos instruments qui ne sont pas issus de cette tradition, nous ne pouvons qu’effleurer du doigt la science de cette musique qui demande des années de pratique…
GU : La musique carnatique est l’une des traditions musicales classiques les plus anciennes et les plus complexes du sud de l’Inde, connue pour sa profonde complexité mélodique et rythmique. L’improvisation en est un élément clé, ce qui en fait un choix naturel pour les collaborations inter-genres comme le jazz.
Mon instrument est le Ghatam, une percussion en argile qui produit des sonorités riches et dynamiques. Sous la direction de mon père et gourou, Mridangam Vidwan Ullur Giridhar Udupa, j’ai développé mes compétences en rythme, en variations tonales, ainsi que l’improvisation. Cette formation me permet de me fondre harmonieusement dans différents styles musicaux, créant des dialogues musicaux uniques et spontanés.

Comment cette rencontre a impacté votre façon de jouer, et notamment d’improviser ?
FC : Dans la musique indienne, la manière de penser les cycles et leurs décompositions rythmiques est une source inépuisable d’inspiration !
GU : Cette collaboration a eu un impact significatif sur notre façon de jouer, notamment en termes d’improvisation. Cela crée un lien naturel entre nos deux styles. Puisque les deux traditions mettent l’accent sur la créativité spontanée, il nous devient plus facile de composer et d’interagir musicalement. Cet échange nous a également permis d’explorer de nouveaux schémas rythmiques, techniques de phrasé et idées mélodiques, enrichissant notre expression individuelle et collective. C’est un processus d’apprentissage continu qui nous pousse à innover tout en restant fidèles à nos racines musicales respectives.
FC : C’est un peu comme lorsque l’on étudie l’infiniment petit : plus on zoome sur les éléments et plus l’on est ébahi par les différentes interactions du vivant ! La pratique des konnakols avec le quartet a permis de capter plus rapidement les propositions de nos deux homologues indiens et d’échanger musicalement.

Pouvez-vous choisir six termes qui caractérisent votre musique et le concert à venir au Pannonica ?
FC : Échange / Complicité / Générosité / Transe / Énergie / Plaisir
GU : Bonheur / Énergie positive / Groove / Tradition / Créativité / Unité

• Propos recueillis et traduits de l’anglais par Camille Pollas

COLUNIA, 
SANGITA

DIMANCHE 9 MARS / 18H
Ouverture des portes 17h30 / Pannonica