Mercredi 25 mai nous avons accueilli Go to the Dogs et Dudù Kouaté.
Ce groupe c’est d’abord une rencontre et tout ce qu’amène de positif ce genre d’évènement dans la vie d’un musicien ; partager, échanger, mûrir, créer plus et toujours différemment.
Les jeunes manceaux de Go to the Dogs forment au départ un trio (en 2017) composé d’Arnaud Edel, Samuel Foucault et Jean-Emmanuel Doucet. Deux ans après le groupe évolue et se forme en quintet : Go to the Dogs – Extended et s’installe alors sur la scène jazz actuelle, notamment avec le dispositif Jazz Migration dont il a été lauréat en 2020. Ce n’est pas n’importe quelle année malheureusement pour remporter ce genre de distinction mais dans la foulée des contraintes imposées par la période le groupe rebondit et poursuit sur sa lancée. À l’été 2020 le quintet rencontre le percussionniste Dudù Kouaté, connu pour être membre de l’Art Ensemble of Chicago, d’un échange en juillet suit une résidence de création où la magie opère entre les musiciens qui chacun à leur tour improvise librement, faisant de ce tout nouveau sextet un ensemble dynamique et harmonieux.
Sur scène au Pannonica chacun avait son espace, Aristide D’agostino en tête et à la trompette entouré de Thibaud Thiolon aux saxophones et d’Arnaud Edel à la guitare. Au fur et à mesure de la performance, le trompettiste, le plus fréquemment au micro annonce les compositions et contributions des uns et des autres, transparait alors la créativité dont chacun a fait part pour donner vie à ce nouveau projet. Plus en arrière on retrouve le contrebassiste Samuel Foucault, puis Dudù Kouaté assis au sol entouré de la multitude de ses instruments ; ngoni, calebasse remplie de ses vingt litres d’eau ou presque, djembé, cymballes … et installé à sa gauche, le second percussionniste et surtout batteur Jean-Emmanuel Doucet.
La salle du Pannonica est pleine, ce concert aura depuis des semaines entrainé un enthousiasme en billetterie, le public bien au chaud alors, profite de l’ambiance d’un concert ancré dans son époque et en même temps d’un voyage musical, vaquant solidement entre échos et références de tous temps.
Il en aura fallu en effet du temps pour que cette musique-là parvienne jusqu’à nos oreilles. L’émotion est là quand Dudù Kouaté prend le micro et chante en des langues certainement inconnues pour la plupart des personnes présentes. Les sonorités africaines épousent et suivent celles du jazz auxquelles nous sommes plus habitué·es dans cette salle. Go to the Dogs et Dudù Kouaté forment un mariage heureux au sein duquel toutes les différences sont savourées et mises en avant. Avec de nombreuses alternances de jeux, des rythmes et tensions exposées, étalées ou explosées le concert aura été vécu comme une expérience onirique où les plus rêveurs auront pu trouver de quoi s’évader et les plus assidus à la musique de quoi décortiquer notes, alliances et en décrypter les mécanismes.
Ce concert fut aussi le dernier que nous organisions seul à la manœuvre et au Pannonica. Le virage se fait au fur et à mesure vers la fin de cette première saison de programmation. Nous sommes heureux de constater chaque soir de concert la venue de publics nombreux et ravis de mettre en avant des projets qui méritent les applaudissements et les mines convaincues comme ce qu’ont provoqué les musiciens de ce mercredi soir.
Photos : Marie-Noëlle Péridy