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MERCREDI 14 DÉCEMBRE
20H30 / PANNONICA

Accompagné des associations Pick Up Production et T’Cap, Pannonica a proposé à 19 personnes non ou malvoyantes une audiodescription du spectacle. L’objectif est de rendre accessible le lieu avec un accueil dédié pour que les personnes atteintes par ce handicap, prennent confiance et aient envie de venir pour d’autres concerts. À terme, Pannonica aimerait proposer un concert dédié par trimestre.

Parmi les personnes accueillies, Anthony et Alice. Ils ont accès à différents spectacles organisés sur la saison grâce à un serveur vocal* qui leur donne les informations pratiques (heure, lieu, contenu), avec la possibilité d’écouter en ligne quelques morceaux pour faire leur choix. Depuis 2015, ils ont ainsi pu assister à plusieurs spectacles en audiodescription : battles de Hip Opsession, concerts à La Soufflerie, au Grand T et au TU.
Le jazz pour eux, c’était une première : « Grâce à cette soirée, nous avons découvert cet univers, nous avons été très agréablement surpris, nous avons beaucoup aimé les concerts. Particulièrement l’orchestre bigband du Gros Cube, qui était très joyeux et qui bougeait bien. Nous avons aussi pu partager le repas avec les deux groupes. Il y avait une très bonne ambiance et tout était parfaitement organisé : accueil transport, placement, explications… »

Dans la salle c’est Jeremy Tourneur, responsable des relations aux publics à Pick Up Production qui est au micro. On l’entend dans les casques nous raconter l’histoire de la salle Paul Fort et du Pannonica, de la musique jazz.  Il donne aussi une image mentale de la salle : dimensions, décor (rideau noir derrière les musiciens, leur permettant de passer derrière la scène sans être vus par le public), description et agencement des instruments.
Lorsque les musiciens commencent à jouer, Jeremy laisse place à l’écoute de la musique. Puis entre chaque morceau, il détaille les attitudes des artistes, les jeux de scène, leurs façons de jouer. Pour le premier plateau, Jeremy explique comment est composé le quartet de David Chevallier, quel est son nouveau projet musical « Curiosity ».

Il nous a décrit comment David bougeait sur scène, ses mimiques, les changements d’instruments et comment il donnait ses indications. Puis comment le trompettiste a utilisé une sourdine (le bol ou wah-wah) pour changer le timbre et la puissance sonore de sa trompette.

Pendant l’installation de l’orchestre Le Gros Cube 2#, Jeremy nous retrace le parcours d’Alban Darche, qui a fait le conservatoire, a joué avec de nombreux artistes et est cofondateur du label Yolk. Il parle de l’originalité de ses compositions mêlant du jazz classique à des sons plus déroutants. Avec  dix-sept musiciens sur scène, chacun ayant une personnalité différente, c’est aussi très agréable que Jeremy nous décrive le placement des trompettistes, saxophonistes, guitariste, contrebassiste….) leurs origines et leur histoire musicale, leur parcours, leur carrière.

Il nous a raconte aussi l’histoire des big bands à l’américaine, le début du Swing et l’apogée des clubs de jazz, comme le Cotton club et le Savoy qui ont accueilli les célèbres Billie Holiday, Duke Ellington, Count Basie, Ella Fitzgerald…  Pendant le concert, il relève les regards complices et l’enthousiasme des musiciens, leurs sourires, leurs manières de bouger.

Alice et Anthony apprécient :  « le fait qu’on nous explique, ce qu’il se passe dans la salle est capital. Les changements de positionnement, les jeux de lumière et tous les éléments visuels du spectacle,  nous ne pourrions y avoir accès sans l’audiodescription. Là, on sait par exemple lorsque les musiciens encouragent par des gestes les spectateurs à se lever, à taper dans les mains, à danser. C’est important pour vivre le concert pleinement. Parfois les gens rient et lorsque l’on ne voit pas, sans audiodescription, on ne sait pas pourquoi. C’est très frustrant, on ne peut pas partager les mêmes sensations que les autres.  Lorsque l’on va au spectacle avec des amis qui nous expliquent ce qui se passent sur scène, on a peur de déranger nos voisins. Grâce à l’audiodescription, on est plus à l’aise. Ce concept permet aussi d’échanger avec les autres spectateurs. Ils sont intrigués par nos casques. »

Alice et Anthony parlent de l’immersion totale dans le spectacle, des commentaires qui nourrissent l’imaginaire et complètent l’approche du concert :  « Quand on leur explique, ils nous disent qu’ils aimeraient essayer, même s’ils n’ont pas de déficience visuelle. »

 
KaKo

* Un serveur vocal mis en place par Pick Up Production