MÉDIATIONS
ATELIER DÉCOUVERTE AVEC GUILLAUME PERRET : L’ÉCOUTE ET L’ART DE L’ACCIDENT
Le lundi 22 mai le saxophoniste et compositeur Guillaume Perret a mené un atelier au sujet du processus de composition, celui de l’interprétation et de l’arrangement. Autour de lui et de son matériel se sont réuni·e·s 11 participant·e·s, de tous niveaux confondus. Pensé comme une immersion dans son travail, cet atelier était mené en amont de son concert qui s’est joué le 1er juin au Pannonica.
Qu’il joue en groupe ou en solo, Guillaume Perret est un artiste aventurier qui explore les sons aux confins des genres et des esthétiques (Jazz, punk, métal, électro, musiques urbaines…). Ses prestations en solitaire ont marqué de nombreux spectateurs et spectatrices : le voir tel un sorcier seul face à la foule, voguer sur des nappes de sax démultipliées par ses machines est une expérience unique. C’est cette approche singulière de la création musicale qu’il a voulu partager lors de l’atelier organisé par Pannonica.
Pas de théorie musicale, la rencontre est placée sous le signe du feeling et de l’instinct. Les participant·e·s sont varié·e·s et enthousiastes, tout le monde est le bienvenu du néophyte curieux au musicien chevronné.
Exemple d’une séquence où le saxophoniste utilise une instrumentation et des dispositifs similaires à ceux de l’atelier (bagues, looper à sa droite…)
Dans une première partie Guillaume nous parle de la manière dont il a forgé son « Son » et l’influence de celui -ci sur son jeu, sa pratique et son écoute. Plusieurs micros sont nichés dans son instrument pour en accentuer certaines caractéristiques en fonction la configuration retenue. Le choix de la source rendra, au gré des envies, un son ample et chaud ou au contraire nasillard et aigrelet. La pédale whammy est une sorcellerie électronique capable de décaler la hauteur du son. En l’abaissant d’une octave, le saxophone prend des allures de tuyau d’orgue, ou de contrebasse suivant le souffle du musicien, en l’augmentant il évoque la bombarde* ou le cromorne*. Le mouvement des clefs et les chocs des bagues du musicien feront la rythmique. Les pédales fuzz, disto et wahwah complètent un quatuor d’effets qui agrandit encore le champ des possibles : du trad au métal, tous les styles sont accessibles.
Le deuxième sortilège c’est le looper, une machine qui permet de dupliquer, de répéter et d’empiler à l’infinie des séquences enregistrées en live. Rien n’est préparé : le morceau nait de la stratification de différentes phrases musicales en totale improvisation selon l’énergie du moment… et c’est justement à cet exercice que Guillaume Perret nous convie.
Nous sommes une dizaine sur le plateau : un pianiste, un guitariste, quelques saxophonistes, une clarinettiste et une petite chorale. Au fil de la séance, nous définirons un cycle de base sur lequel viendront se poser divers motifs musicaux, puis des mélodies, des textes et quelques solos.
Chaque musicien·ne ou groupe répète ses motifs coordonnés par l’un ou l’autre des participant·e·s… Toutes les idées sont expérimentées, l’essence de l’improvisation c’est l’écoute et l’art de l’accident c’est ce qui lui donne sa force et sa fragilité. Au fil des ajouts, des rebonds et des imprévus, un morceau commence à émerger alors que Guillaume Perret s’efface progressivement laissant la place au collectif.
La musique créée s’est évaporée avec la fin de l’atelier, elle n’aura vécu que le temps de notre rencontre. On se retrouvera pour d’autres aventures dans 11 levers de soleil au Pannonica pour le concert de Guillaume Perret et de son batteur Tao Ehrlich.
Le Grizzly
