Le 16 octobre en préalable à sa prestation au Pannonica, Juliette Meyer chanteuse du groupe Haleïs (“Cri retentissant” en ancien français) a proposé à 18 participant·es de tous niveaux un atelier découverte autour de l’improvisation libre.
Si chanter est naturel, oser chanter sous le regard des autres n’est pas forcément facile, et participer à un atelier « Voix et improvisation » est assez intimidant, surtout après qu’un œil sur l’internet a permis de goûter à l’étrange musique et aux étonnantes capacités vocales de Juliette Meyer. L’angoisse de l’atelier ressemble à celle de la piscine : il va falloir se montrer nu et sans artifices, impossible de se cacher derrière une œuvre, une pratique ou un instrument.
La séance n’a pas lieu sous les auspices des fantômes du Pannonica, mais des enfants du centre socioculturel Hauts-Pavés Saint-Félix : couleurs vives, dessins aux murs, jouets éparpillés, le cadre est rassurant. Quelques galettes et du chocolat attendent les participants, Juliette est chaleureuse et accessible, le tutoiement et l’usage des prénoms sont naturels.
Les premiers exercices permettent d’éprouver le cheminement du souffle à travers le corps, de s’écouter, de laisser sortir le son pur et sans altération. Retour à l’essentiel à l’image des premiers gazouillis d’un enfant: par de petits exercices simples Juliette nous guide dans la redécouverte de la voix humaine.
Progressivement, nous nous rapprochons de l’improvisation libre, une pratique basée sur le ressenti et l’écoute des autres intervenants ou tout bruit devient musique. Ici pas de mélodie, de contrainte ou de leader, il y a juste un collectif, une pulsation, un équilibre fragile, somme des personnalités et des émotions de chacun. Par groupe de six il faut oser se lancer pour entrer dans la création commune, y ajouter ses propres intuitions, et se laisser dériver, porté par l’évolution de l’ensemble. Juliette nous suggère de pratiquer les yeux fermés afin de mieux nous écouter. Au fur et à mesure des essais, nous affinons les démarrages et apprenons à sentir quand une proposition parvient à sa conclusion naturelle. C’est une alchimie délicate, car le rire, la peur ou la rudesse sont communicatifs et peuvent à tout moment ruiner l’envoûtement. L’exceptionnelle confiance et la complicité des participant·es nous en épargneront.
En fin de session, les improvisations seront colorées par des thématiques inconnues des auditeur·rices, suffisamment ouvertes pour laisser libre cours à l’imaginaire de chacun·e : des univers souvent très éloignés se créent, dialoguent et s’interpénètrent par le charme du son des voix.
Emporté par l’énergie du moment, l’atelier qui aurait pu se prolonger encore longtemps prendra fin avec une demi-heure de retard. Juliette Meyer et son groupe Haleïs qui allie jazz, chanson et improvisation libre se produira au Pannonica le 8 novembre. Nous serons quelques-uns et quelques-unes à partager son cri (retentissant).
Le Grizzly
