À l’occasion de la fête de la musique, un groupe d’une dizaine de détenu·es de la Maison d’Arrêt de Nantes a été associé à la programmation d’un concert de Samir Aouad trio. Organisé dans les murs le 26 juin, il a été précédé de temps de rencontres et d’échanges avec une partie de l’équipe du Pannonica.L’envie était simple, partagée avec la coordinatrice des actions culturelles en détention : organiser un concert autour de la date symbolique du 21 juin, tout en faisant découvrir la diversité des musiques jazz et improvisées et des métiers d’une salle de concert.
Frédéric Roy, directeur et programmateur et Camille Rigolage, médiatrice culturelle, ont rencontré le groupe constitué une première fois en avril. Une façon de sensibiliser aux enjeux de la programmation musicale : Quels éléments prendre en compte dans une programmation (contexte, public, contraintes techniques et budgétaires, etc.) ? est ainsi la question qui a sous-tendu cet échange et guidé l’écoute d’une commission programmation tout fraîchement mobilisée. Leur mission a été de faire un choix parmi trois propositions présélectionnées par l’équipe du Pannonica. L’oudiste Samir Aouad et son projet en trio remporte les suffrages, notamment grâce à une proposition sur-mesure : récolter des suggestions de morceaux du répertoire classique arabe et oriental, qu’il propose d’intégrer au concert.
Une seconde rencontre en mai avec Camille Retailleau, chargée de communication, a permis d’aborder les enjeux de la communication, les stratégies développées pour Pannonica et celle à penser ensemble spécifiquement pour ce concert. Au coeur de cette réflexion commune se trouvait la réalisation d’un flyer. Le groupe de participant·es en a donc validé les éléments : visuel, phrase d’accroche, textes… Diffusé ensuite auprès de chaque détenu·e (plus de 800), il permet à chacun·e d’accéder à l’information et de s’inscrire (une jauge de 50 places est fixée).
Le jour de la représentation, l’équipe artistique et technique, munie de son matériel validé par l’administration pénitentiaire, passe les portiques de sécurité et s’installe en fin de matinée dans le gymnase, lieu de représentation. Les contraintes sont fortes dans cet espace qui résonne. À 14h30, un set d’une heure, mené par le oudiste et ses acolytes Olivier Besson au saxophone et Rémi Allain à la contrebasse, plonge l’auditoire dans une atmosphère onirique et mélancolique. Joueurs et fidèles à leur proposition, les trois musiciens reprennent également les morceaux plébiscités : Aïcha de Khaled, dont une partie des paroles restent enfouies dans les mémoires, Rachid Taha et autre Cheb Hasni. Sur demande, les rives de la funk sont abordées avec James Brown et l’on patauge quelque peu dans la Canopée de Polo & Pan. La boucle se referme avec une présentation du oud et de son histoire antique par Samir Aouad, notamment connu pour avoir été un jeune prodige de l’instrument au Maroc.
Parmi la quarantaine d’hommes et de femmes présent·es, les personnes associées au projet saluent l’équipe artistique à la fin du concert. Une question discrètement posée confirme le ressenti général : elles sont ravies de leur choix !