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Le vendredi 29 septembre, Pannonica a lancé sa saison 2023 / 2024 de manière assez exceptionnelle. En effet, la soirée s’est ouverte avec le vernissage de l’exposition de Cécile Aurégan et s’est poursuivie avec le concert de Son Con Cuero et de la Diabla Soundsystem à 21h. Des vibrations des peintures de l’illustratrice à celles de la musique cubaines du groupe, il n’y a eu qu’un pas et une vingtaine de minutes. Retour donc sur cette double soirée et ce lancement de saison.

Cécile Aurégan :
la musique est tapie dans l’ombre

Pour la rentrée et après une interruption de plusieurs années, Pannonica renoue avec les expositions. L’artiste nantaise Cécile Aurégan présente une dizaine d’œuvres dans le hall bas de la salle Paul Fort qui sert d’antichambre au club.
Le vernissage de l’exposition, vendredi 29 septembre, en préalable au concert du groupe « Son Con Cuero » a été l’occasion de mêler au public habituel du lieu les riverain·es et les amateur·rices d’arts plastiques. L’affluence d’abord timide s’est renforcée avec l’avancée de la soirée, la foule occupant complètement la salle et les entrées.

L’image est souvent une introduction synesthésique à la musique, le graphisme de la pochette grand format du disque vinyle fait partie de son charme et l’affiche est un incontournable du monde du spectacle.
Les trois visuels dessinés par Cécile Aurégan au cours des neuf derniers mois pour le programme du Pannonica s’inscrivent dans cette démarche. Ces images aux tons chauds et colorés sur fond noir se remarquent immédiatement sur les brochures et les murs de la ville. Très appréciés, ils sont devenus familiers aux Nantais·es. Une forte demande d’affiches témoigne de leur succès.
Une sélection d’œuvres aux formats variés issue de différentes séries permet un aperçu de l’univers de l’artiste : des formes douces, un monde lumineux aux contrastes marqués, ensemble restreint de couleurs vives. On ressent l’influence des cultures traditionnelles d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. Une œuvre évoquant la silhouette de la Baronne Pannonica de Koenigswarter, égérie du lieu, au travers de la chrysalide du papillon à qui elle doit son prénom a été créée spécialement pour cette exposition.

Avec la tombée du jour le concert commence, nous quittons les ambiances sud-américaines pour traverser le golfe du Mexique vers les Caraïbes, comme si l’affiche se matérialisait, la salle s’obscurcit,  la scène s’illumine. La musique tapie dans l’ombre reprend ses droits.

Le Grizzly

SON CON CUERO :
PANNONICA SOCIAL CLUB

En ce vendredi trente septembre deux mille vingt-trois, jour d’ouverture de saison pour le Pannonica, une fois n’est pas coutume, ce sont de la fumée de cigare et des émanations de mojito qui s’élèvent de l’escalier qui descend au neuf de la rue Basse-Porte. Madame la Baronne a revêtu pour l’occasion sa plus belle Guayabera (célèbre chemise cubaine). C’est que Son Con Cuero vient enjailler le dancefloor au son du Son justement, l’ancêtre de la Salsa.

Le cabaret affiche complet. Le public, hétéroclite, est composé notablement de quelques danseur·ses du dimanche qui voient ici l’occasion de s’exfiltrer de leur cours de salsa et de connaître une félicité très friday night fever. Les sept musiciens vont leur en donner pour leurs pesos. Si tous n’ont pas foulé les pavés du Malecon dès leur plus jeune âge, (seuls le chanteur et le violoniste sont cubains) ils maîtrisent leurs effets et leur joie de jouer est communicative. Wilfredo Benavides Fernandez, au chant et aux maracas, assure le show dans son complet bleu immaculé et sa voix haut perchée rafle la mise. Comme au tennis, le premier set sera une mise en jambes que le deuxième viendra convertir en victoire auprès d’un auditoire énamouré.

Au warm-up, à la mi-temps et jusqu’au bout de la nuit, c’est La Diabla Soundsystem qui est chargée d’entretenir la fièvre latina. Dissimulée derrière un masque de laine fuchsia à cornes du plus bel effet – les Daft Punk doivent s’en retourner dans leur tombe dorée – elle accomplira sa mission avec brio. À tort, beaucoup ont quitté la salle après le concert, alors que la soirée aurait pu finir en bacchanale mémorable avec juste un poil de clubbeurs supplémentaires.

Si, du point de vue de l’endurance de ses danseurs, le Panno n’est pas encore comparable au célèbre Havana Club de La Havane, qu’importe , la soirée fut belle, enivrante. Et contagieuse: les chanceux qui écoutaient la radio aux alentours de minuit trente, ont fait la route du retour à la casa avec Compay Segundo  susurrant son Chan Chan de légende…

 

Jean Do
ou Juan DO, pour l’occasion

CRÉDIT PHOTOGRAPHIE : CHRISTOPHE GUARY