JEUDI 14 SEPTEMBRE / PANNONICA
En résidence au Pannonica, Sarah Murcia présentait le 14 septembre dans le cadre d’un Work in promesse un extrait de Song Reader, son nouveau répertoire en cours de création. Pour ce dernier elle avait convié son groupe Caroline, avec Gilles Coronado, Franck Vaillant, Olivier Py, augmenté de Benoit Delbecq et Dylan James.
Song Reader :
la musique version upcycling (*)
En 2012, Beck Hansen publiait « Song Reader » un recueil de partitions, dans l’esprit des « music sheets » de chansons nord-américaines classiques du début du 20e siècle. Des morceaux très simples pour lesquels l’auteur a volontairement estompé son style et sa complexité afin de les mettre à la portée des néophytes. Un répertoire de chansons de cowboy, de chorale ou de boy scout à entonner autour d’un feu de camp ou simplement à réinterpréter à sa guise. Ce projet singulier connaîtra un succès populaire, mais ne s’intégrera jamais à la discographie de son auteur.
Plus de 10 ans après, un soir de coupe du monde de rugby, c’est au Pannonica que quatre de ces chansons en cours de re-création par Caroline, l’un des groupes de Sarah Murcia, s’incarnent en avant-première. Pour cette nouvelle création, le quintet a invité le chanteur et bassiste franco-britannique Dylan James issu de l’inclassable formation bretonne de folk expérimental Moger. La scène encombrée d’instruments de matériel et de partitions au milieu desquels les musiciens ont un peu de mal à se mouvoir nous rappelle qu’il reste encore quelques jours de résidence avant que le spectacle ne prenne sa forme définitive.
Le son et les orchestrations sont recherchés et parfois déroutantes; les percussions électroniques mêlées de samples sont jouées en direct produisant un effet mi-organique mi-robotique; les deux voix utilisées pour leur sonorité comme des instruments se doublent, se répondent et se complètent avec subtilité; les deux basses s’entrecroisent…
En 2015 « Caroline » réinterprétait à sa manière le répertoire des Sex Pistols
Comme pour ses reprises de titres pop, Sarah Murcia déconstruit les morceaux pour n’en garder que les traits essentiels à partir desquels elle bâtit ses propres compositions. S’il s’agissait d’objets manufacturés on parlerait d’upcycling (*). Le dépouillement et la simplicité voulue de Song Reader sont une matière première idéale pour cet exercice et laissent leur place après mutation à une musique élaborée à la fois familière et surprenante. Le groupe a volontairement écarté du répertoire les chansons dont les thèmes sont trop ancrés dans la culture nord-américaine dans lesquelles il estime ne pas se reconnaitre.
La présentation s’achève sur un échange autour des envies, des idées, et des choix qui ont mené à ce nouveau spectacle. L’aboutissement de ce travail sera la création de Song Reader, le 15 décembre au Pannonica.
Le Grizzly
