Bien qu’attendu mais comme tombé du ciel, International Anthem a sorti le 25 août dernier le disque posthume Fly or Die Fly or Die Fly or Die ((world war)) de la brillante trompettiste jaimie branch. Son décès parvenu en août 2022 avait marqué la scène jazz internationale.
Cet ultime album est le troisième du quartet Fly or Die et le résultat de sessions d’enregistrement s’étant tenues en juillet 2022. De ce travail, ne manquait plus qu’à peaufiner le mixage, décider des titres ainsi que de la pochette.
« Dans les mois qui ont suivi, sa famille (dirigée par sa sœur Kate Branch), son groupe (Jason Ajemian, Lester St. Louis et Chad Taylor) et ses collaborateurs de l’IARC ont rassemblé des souvenirs, des textes, des courriels, des photographies, des œuvres d’art et des fragments appartenant à Jaimie afin d’éclairer le chemin à parcourir. L’objectif a toujours été de faire ce que Jaimie aurait fait. » indique le label, dont Jaimie Branch faisait partie des figures incontournables.
Inscrit bel et bien dans la lignée des deux précédents, Fly or Die Fly or Die Fly or Die ((wold war )) fait part d’un rythme soutenu, de mélodies puissantes, joyeuses et généreuses, qui nous permettent de dépasser le contexte de sortie de cet album et de nous plonger une fois encore dans l’univers ultra fécond de la trompettiste.
Les deux premiers morceaux, qui s’enchainent véritablement, ouvrent la voie et donnent le ton : l’album nous propose une traversée entre le royaume des vivants et celui des absents, empreint d’un ésotérisme très chaleureux. Alors que le premier morceau intitulé « Aurora rising » d’abord démarré par des effets aux claviers et de percussions (ambiance solennelle), se clot avec les premiers airs de trompette, le second laisse entrer l’ensemble des instrumentistes et protagonistes dans la ronde. C’est « borealis dancing » et la joie démarre ! L’énergie est cosmique, les sons nous invitent autant à la danse qu’à la poésie.
Au troisième titre, les retrouvailles ont opéré. On réentend alors la voix de jaimie branch, le jeu de batterie de Chad Taylor et celui de Jaso Ajemian, à la basse, qui sont bien tendus et nous rappellent immédiatement les deux précédents albums du quartet. « Don’t forget to fight » sont les mots répétés de l’artiste, autre précepte de l’album : « Take over the world », morceau phare qu’International Anthem a particulièrement mis en valeur.
Au total, l’album présente 9 pistes énergiques et assez bluffantes qui parviennent tout à fait à rendre limpide la créativité de la trompettiste mêlant free jazz, airs de hip hop, de blues, de punk. Un imbroglio musical généreux et unique révélé aussi par le travail visuel de la pochette, qui comme les précédents présente les dessins de la trompettiste, ceux de John Herdnon et un design signé Damon Locks. Voilà qui en plus du reste, en fait un véritable objet de collection à ranger auprès de ses prédécesseurs.
Le disque est édité en format CD, vinyle et vinyle coloré (une édition limitée d’ores et déjà épuisée). Il est disponible à l’écoute en ligne sur le bandcamp d’International Anthem.
1 / Aurora Rising
2 / Borealis Dancing
3 / Burning Grey
4 / The Mountain [ft. Jason Ajemian]
5 / Baba Louie
6 / Bolinko Bass
7 / And Kuma Walks
8 / Take Over the World
9 / World War ((Reprise))
jaimie branch : trompette, voix, clavier, percussions, « happy apple »
Lester St.Louis : violoncelle, voix, flûte, marimba, clavier
Jason Ajemian : contrebasse, basse électrique, voix, marimba
Chad Taylor : batterie, mbira, timbales, cloches, marimba
Invités :
Nick Broste : trombone (sur les pistes 5 et 6)
Rob Frye : flûte (piste 5), clarinette basse (pistes 5, 6 et 7)
Akenya Seymour : voix (piste 5)
Daniel Villarreal : conga et percussions (pistes 2, 5, 6 et 7)
Kuma Dog : voix (piste 5)
Pannonica accueille ce trimestre The Bridge #2.7, une formation originellement composée de Gilles Coronado, Tim Daisy, Isaiah Collier, Rafaëlle Rinaudo, et jaimie branch. Le quintet est alors devenu quartet avec Molly Jones et Léa Ciechelski aux côtés de Gilles Coronado et de Tim Daisy mais leur concert du vendredi 6 octobre sera à coup sûr une occasion de plus de rendre hommage à la trompettiste, dont la vision et l’art restent dans l’ADN de cette équipe The Bridge.
© Ben Semisch