Dans le cadre de Jazz en phase, la Soufflerie et Pannonica reçoivent le batteur Makaya McCraven, leader de la scène jazz chicagoane, le 7 novembre à l’Auditorium. L’occasion était belle de revenir sur son dernier album en date, le majesteux In these times, sorti en septembre 2022 par les labels International Anthem et XL recordings.
MAKAYA MCCRAVEN, IN THESE TIMES
Que dire si ce n’est que ce disque est magnifique et ce d’autant plus que McCraven est là où on ne l’attendait pas nécessairement. Avec cet album, le batteur a en effet mis l’accent sur la composition et la mélodie. À la première écoute, l’effet de surprise joue à plein pour les familiers des précédents opus du monsieur. Le morceau introductif éponyme est une parfaite illustration de ce que sera le reste de l’œuvre, à savoir un titre dense, d’une ambition folle et néanmoins somptueux. Il se décompose en quatre mouvements : une ouverture avec un narrateur sur fond de rumeur de salle de concert, une suite privilégiant les cordes (violons, violoncelle et harpe), puis un enchaînement où le lyrisme du saxophoniste ténor Irvin Pierce magnifie la mélodie et pour finir la mise en avant de la batterie du compositeur.
Vont suivre dix morceaux, permettant aux nombreux collaborateur·rices du disque d’apposer leur marque, sans esbroufe inutile, privilégiant ainsi une unité stylistique au service des compositions, soulignant ainsi le travail phénoménal de post production de l’auteur, l’enregistrement s’étalant sur sept années. Pour exemples, la flûte de Sean Jones dans l’onirique « Dream another », la harpe de Brandee Younger et le violoncelle de Lia Kohl dans le bucolique « Lullaby » ou encore le bugle de Marquis Hill dans l’apaisant « The calling« .
Sur ce disque, pour paraphraser le poète, « …tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.» Beauté des compositions, luxe des arrangements, calme et volupté que produisent l’écoute de ce chef-d’oeuvre sur ses auditeurs et auditrices. Pour les malchanceux·ses qui seraient passé·es à côté – le concert affiche complet – il reste les enregistrements de Makaya McCraven comme lots de consolation. À écouter In these times et sans modération.
Jean Do
AVEC
Makaya McCraven : batterie, percussions, synthétiseurs, baby sitar kalimba, vibraphone, orgue / Junius Paul : contrebasse, percussions, guitare basse électrique, petits instruments / Jeff Parker : guitare / Brandee Younger : harpe / Joel Ross : vibraphone, marimba / Marta Sofia Honer : alto / Lia Kohl : violoncelle / Macie Stewart : violon / Zara Zaharieva : violon / Greg Ward : saxophone alto / Irvin Pierce : saxophone ténor / Marquis Hill : trompette, bugle / Greg Spero : piano / Rob Clearfield : piano / Matt Gold : guitare, percussions, baby sitar / De’Sean Jones : flûte