Ce week-end le Syndicat des Musiques Actuelles appelait à manifester dans plusieurs villes de France : « Tou·te·s en gare ! Mobilisation-concert contre l’interdiction des instruments encombrants dans les trains » et incitait tous musiciens et musiciennes à venir jouer en gare, jour de grand départ pour les congés de fin d’année. Des manifestations ont donc eu lieu ce samedi 17 décembre à Paris, Lyon, Bordeaux, Clermont-Ferrand.
Cela pourrait sembler amusant et gai comme manifestation. On pourrait même croire que la SNCF souhaite offrir à ses usagers un peu de musique en cette période de fêtes. Malheureusement, la réalité est toute autre, et beaucoup moins festive. En effet, les contrebassistes, harpistes, violoncelliste… dont les instruments sont de grandes tailles (entre 1,60 m et 2,05m pour une contrebasse) rencontrent d’énormes problèmes lorsqu’ils prennent le train. Voyager avec leur instrument peut leur coûter une amende, voire les empêcher de travailler lorsqu’ils ne peuvent arriver sur le lieu d’un spectacle. Dans une lettre ouverte, signée en novembre, le contrebassiste Sébastien Boisseau s’insurge : « Nous sommes choqués d’être traités comme des voyous, des contrevenants, alors que nous voyageons avec un billet en bonne et due forme. Nous craignons de ne plus pouvoir arriver sur le lieu du concert, de perdre nos engagements. Voyager avec ces instruments anciens, fragiles, coûteux c’est déjà stressant, mais en ce moment c’est l’angoisse qui domine quand on achète un billet SNCF. »
À cause des dimensions d’une contrebasse (sa taille dépasse les dimensions requises pour les bagages), nombreuses sont en effet ces situations :
– Certains musiciens se sont vus refuser l’entrée dans le train
– Plusieurs ont eu des amendes.
– Certains ont dû prendre une place payante du prix de celle d’un passager classique, pour loger leur instrument sur un siège.
– Il y a pu avoir des esclandres ou des disputes avec des contrôleurs.
– Certains ont dû descendre à la gare suivante et n’ont pu honorer leur travail auprès de leurs employeurs.
Souvent les usagers sont enclins à les défendre et à les encourager, beaucoup considérant qu’un instrument dans son étui est moins dangereux dans un couloir que des vélos ou des trottinettes mal rangés et la plupart du personnel de la SNCF est bienveillant et conciliant. Il faut qu’une solution soit trouvée. Beaucoup d’entre nous voulons après ces périodes de covid et de confinements à nouveau profiter de la musique, du bien être qu’elle nous procure. Les concerts, festivals, ou initiations pour les personnes de tous âges (écoles, Ehpad, maisons de quartier…) sont un fabuleux moyen de partager l’art et la culture, véritables facteurs de lien humain. C’est grâce au spectacle vivant que les musiciens peuvent nous en faire profiter. Mais pour cela il faut qu’ils puissent circuler librement avec leurs instruments et ainsi respecter leurs engagements vis-à-vis de leurs employeurs.
La musique adoucissant les mœurs, je ne doute pas que la direction de la SNCF aura une oreille attentive à leurs revendications et adaptera les règles pour qu’ils puissent à nouveau sans stress nous offrir la beauté de leur musique sur scène !
KaKo
avec le soutien du Pannonica
CRÉDIT PHOTO : MIRI / UNSPLASH